Harcèlement scolaire : une mère raconte le calvaire de son fils
- Dylan
- 6 avr. 2015
- 2 min de lecture

Marie-Pierre Destin a raconté le calvaire de son fils Jonathan aux élèves du lycée Marcel-Pagnol de Limoges. Un témoignage pour briser le tabou du harcèlement scolaire.
Le silence se fait dans la classe quand Marie-Pierre Destin commence son histoire. « Mon fils Jonathan a été harcelé du CM2 à la 3 e. On lui disait : tu es un gros porc, tu es un gros nul, et par rapport à notre nom de famille, il entendait : c'est ton destin d'être gros. Il n'en pouvait plus, Jonathan. » C'est avec une certaine distance que Marie-Pierre Destin décrit la souffrance endurée par son fils à l'école pendant cinq ans, avant de tenter de mettre fin à ses jours en s'immolant par le feu.
« Il faut parler »
« Parce qu'il aimait bien manger », Jonathan était en surpoids. Après avoir raconté le début de son histoire, Marie-Pierre revient sur les prétextes à harceler un camarade à l'école. Un nom de famille, une différence physique, avoir de bonnes notes. Et la machine s'emballe. Un élève devient le bouc émissaire d'une classe, moqué, insulté et bousculé par un groupe de harceleurs, tous les jours.
Un calvaire vécu par son fils, que Marie-Pierre n'a pas décelé tout de suite. « Pour moi, Jonathan, s'il ne voulait pas aller à l'école, c'est parce qu'il avait de mauvaises notes. Il ne nous disait rien. » Muré dans son silence, Jonathan reçoit des insultes, mais aussi des coups, des bleus qu'il masque à ses parents en invoquant des chutes de vélo. Mais un jour, c'en est trop. Il parle. Ses parents interviennent auprès des harceleurs… et c'est pire. Ils recommencent en lui disant qu'il va payer pour avoir parlé. Les coups repleuvent, il se tait pour de bon. On perçoit déjà la chape de plomb qui pèse sur le harcèlement scolaire. Que font les adultes au sein de l'école ? Et les camarades ? N'y a-t-il pas des témoins ?
Pour appuyer son discours, Marie-Pierre Destin montre un film dans lequel Jonathan raconte ce qu'il a enduré. Frappé et racketté, il se trouve dans l'obligation de voler ses parents. « Mais madame, pourquoi il n'est pas là pour nous le raconter ? », demande une élève.
Pour Jonathan, vingt ans, affronter le regard des autres est aujourd'hui difficile. Son acte désespéré a brûlé 72 % de la surface de son corps, dont 55 % au 3 e degré. Pour réparer sa peau, il a subi dix-sept opérations. « Si je suis là, c'est pour vous dire qu'il faut parler si vous êtes harcelés », martèle Marie-Pierre Destin.
A l'issue de la conférence, certains lycéens reconnaissent en avoir été victimes plus jeunes. Le visage s'assombrit quand l'un d'entre eux confie : « ils me donnaient des surnoms parce que j'avais les oreilles décollées. J'en rigole maintenant, mais à l'époque, c'était dur. »
Une enquête menée en 2011 a révélé qu'un élève de collège sur dix rencontres des problèmes avec le harcèlement. La seule solution pour s'en sortir reste d'en parler pour briser l'omerta.
Source : lepopulaire.fr
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